Tout le monde l’imaginait déjà à l’Élysée. Avec les sondages les plus pointus, il crevait les plafonds de la popularité et laissait, loin derrière lui, Balladur et Chirac. La gauche avait trouvé son sauveur…
Soudain, alors qu’il se tourne vers le visage souriant et les yeux bleus d’Anne Sinclair, sa voix devient plus grave, son ton plus solennel. Delors va dire non ! On le devine dès les premiers mots de ce texte préparé qu’il a sous la main et qu’il va lire. Sept sur Sept, le 11 décembre 1994…
Jacques Delors ne sera donc pas candidat à la présidence de la République.
Il est l’homme qui dit non.
Par deux fois déjà dans une carrière particulièrement atypique, il a refusé le poste de Premier ministre.
A gauche sous le Chaban de la Nouvelle Société à la fin des années 60, à droite sous le Mitterrand de la rigueur en 1983, Delors peut à la fois lire le catéchisme et Karl Marx.
Gabriel Milesi nous raconte ici commen